Schulé antiquités XXème siècle

SASSEL – SUISSE

Mannequins de vitrine vintages

Les mannequins de vitrine en plastique anciens ont du charme ! Pourquoi ? Car ces mannequins ont suivi la mode: Dans les années 60 la taille était plus échancrée, parfois les pieds ont des chaussures à talons moulés. Dans les années 70 la morphologie change, les corps ont une taille plus réaliste. Les visages sont maquillés. A partir du milieu des années 80, les pièces sont souvent couleur “chair clair”, les cheveux moulés, avec des coiffures à la mode “eighties”. Que ce soit de vraies pièces de collection, ou des mannequins d’occasions, plus modestes et moins onéreux: Dans mon stock de brocante, j’ai toujours un joli choix d’hommes, femmes et enfants. J’ai aussi des bustes divers de présentation: Pour tee-shirts et sous-vêtements. Ainsi que des mannequins de couture. Leurs usages peuvent êtres variés. Et ces mannequins peuvent même être recyclés pour faire des sculptures …

Petit historique du mannequin : A partir de la Renaissance, il y eu des mannequins d’artistes en bois, aux membres articulés, utilisés par les peintres. Ainsi que des personnages sculptés, que l’on habillait lors des cérémonies religieuses. A la toute fin du 18ème siècle, l’on trouve les premiers fabricants de mannequins répertoriés. A la base, ce sont des vanniers. Qui fabriquent des carcasses en osier, avec forme humaine. Puis à partir des années 1830, ces pièces sont fabriquées en fil de fer, ou alors en fil de laiton. Ces mannequins, furent aussi rembourrés d’étoupe ou de crin. Quand l’on fait des recherches sur l’histoire du mannequin, l’on arrive parfois sur une lithographie de Charles Philipon de 1830. L’illustration de poupées / mannequins sur socle, est accompagnée d’un texte un peu énigmatique … L’on ne sait pas vraiment si ces pièces étaient destinées à la démonstration du savoir-faire, ou le spectacle. Ou alors vraiment pour présenter des vêtements ? L’on doit l’invention du premier mannequin buste de couture, à Alexis Lavigne en 1847. Ce tailleur, et inventeur, ne voulant pas importuner ses clientes, avec de longs essayages. Inventa le buste en carton, moulé sur nature. Il créa aussi l’école de couture Esmod, pour y enseigner ses méthodes de coupe des tissus. Et dans les années 1870 – 1880, son catalogue de mannequins, était déjà bien fourni. En 1867, son disciple Frédéric Stockman, perfectionne le mannequin buste. La fabrication de la carcasse se fait en papier mâché moulé, puis un revêtement mou ouaté est appliqué. Et une toile de lin ou de coton est cousue par-dessus. Ce que permet de piquer des épingles. La marque Stockman est toujours active de nos jours. En 1900, Léon Riotor écrit un curieux ouvrage appelé « le mannequin » Son livre fait l’état des lieus des connaissances : Que ce soit de l’ordre historique, sociétal, technique, et même poétique … Du mannequin, au tournant du siècle. Il évoque même les « poupées sexuelles » alors (déjà) inventées. Concernant les fabricants, l’on peu citer le plus illustre : Pierre Imans. Celui-ci créa des mannequins de vitrine à partir de 1896 (son entreprise fermera en 1965). L’atelier connaitra son apogée, des années 1920 à 50. C’est probablement lui qui créera les mannequins les plus beaux et les plus réalistes. Dans ses publicités, il utilisera les termes de « statuaire ceroplaste » ou sculpteur mouleur en cire. Donc les premiers mannequins furent à base de cire. Mais il y en eu aussi en plâtre, et en bois. L’autre fabricant emblématique, dont la production sera plus grand public, c’est la marque Siégel. A partir des années 30, la fabrication se fera en série. Siègel connaitra son âge d’or de 1925, jusqu’aux années 1960. Dans les années 1930, en France, il y aura aussi d’autres fabricants, mais plus confidentiels. L’on peut citer : Lemattre & Pacros, Plem, et Talrich. Dans leurs publicités, ils utilisent le terme : « cires et compositions ». L’on ne sait pas trop ce que signifie le terme composition. Mais comme a l’époque, les bakélites, étaient en vogue, l’on peut penser, que c’était une sorte de dérivé, ou composite. Pierre Imans, lui pour décrire sa matière, utilise le mot Cerolaque. Les mannequins évoluèrent au fil des modes. A la fin des années 1920, les femmes ont des têtes stylisées et angulaires. Comme sur les graphismes des affiches de l’époque. Les tailles et les corps changent, selon les canaux de beauté de la mode. Un article de Marie-Claire fait une rétrospective de l’évolution du mannequin Siègel de 1925 à 44. A la fin des années 1930, des mannequins « demi » sont créés. C’est-à-dire, des pièces à l’échelle 1 :2. Juste après-guerre, la première collection de couture, sera présentée sur des mannequins de taille réduite, à cause des restrictions, et manques de tissus. Dans les années 1950, avec les plastiques nouvellement inventés, la fabrication se démocratise, et s’industrialise. La marque Siégel est toujours présente. Dans les années 1960, les mannequins ont la forme « taille de guêpe », qui est à la mode. Généralement, il y a un système de pivot au milieu du torse. Et les pieds ont parfois des escarpins à talons, moulés monobloc. En ce qui concerne les fabricants, ma marque préférée, est le label Suisse Schläppi. Ce fabricant a produit des mannequins « futuristes » dès le début des années soixante. Et durant les 60’s et 70’s, le label a collaboré avec le sculpteur Lorenzo Piemonti. Pour créer une ligne de mannequins filiformes. Pas vraiment beaux, mais audacieux, et s’approchant plus des sculptures de Giacometti … Si ceux-ci, se sont un peu « épaissis » durant les 70’s, mais ils restent tout de même encore anorexiques ! Un autre fabricant, c’est le Danois Hindsgaul, qui a aussi fait des mannequins de qualité. Avec comme particularité, des bras avec une articulation de plus. Dans les beaux mannequins réalistes, l’on peut aussi citer John Nissen, et Adel Rootstein, ainsi que le fabricant Italien La Rosa. Pour moi, l’âge d’or des mannequins « réalistes » c’est du milieu des années 1970, au milieu des années 80. La peau est alors couleur « chair foncé » A partir des années 90 La peau est « chair clair » et ils ont généralement les cheveux moulés, avec des coiffures qui étaient à la mode dans les 90’s … A partir de la fin des années 90, début 2000, les fabrications asiatiques, commencent à envahir le marché. Et font baisser les prix. Mais la qualité, et surtout le manque de détails, l’uniformité dans les poses et les attitudes. Fait que ces mannequins n’ont pas « d’âme ». Donc les fabricants Européens restants, se concentrent alors sur le haut de gamme, et les pièces originales. Le label Bonaveri a racheté la marque Schläppi. Et continue à développer certaines séries iconiques, avec un esprit de tradition, continuité, et modernité.